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Le Congo, les horreurs du gouvernement et des rebelles.

La tragédie des droits humains dans la région des Grands Lacs

Ma réflexion s’inscrit en faux contre l’idée selon laquelle c’est la guerre qui est à la base de la violation des droits de l’homme. Une relation d’influence réciproque existerait entre les violations des droits humains, la guerre et le sous-développement. Les injustices sociales, les arrestations arbitraires seraient antérieures aux guerres des années 1990. Quant au sous-développement de la région, il n’a fait que se renforcer depuis les années 1960.

J’insiste sur la responsabilité des dirigeants politiques à travers leurs comportements d’hypocrisie, d’une part. Les dirigeants du Congo, du Rwanda et du Burundi prétendent à une amélioration des droits humains parce qu’ils signent des actes internationaux, créent des institutions et organisent des réunions. Pour la consommation extérieure, pour obtenir des financements extérieurs, les dirigeants adoptent des lois et signent des textes internationaux. De la sorte ils jouent leur tragédie pendant que leurs populations souffrent et meurent de la guerre, de la faim et d’autres injustices sociales. Eux, par contre, empochent l’argent du sang. On peut dire qu’il y a du sang sur les mains des dirigeants de la région des Grands Lacs. C’est ce que j’appelle la tragédie.

D’autre, part, je souligne avec force les droits les plus ignorés et pourtant les plus recherchés par la plupart des gens. Je voudrais que nous ouvrions nos yeux sur les droits économiques, sociaux, culturels, de développement, des femmes, des enfants et les droits à l’alimentation, étant donné qu’ils concernent la majorité de la population.

Je présente successivement la tragédie des droits humains en RD du Congo, au Rwanda et au Burundi.

LE CONGO, LES HORREURS DU GOUVERNEMENT ET DES REBELLES

1.1. Le droit de jouir des ressources nationales non-respecté

Les richesses matérielles, financières et culturelles d’un pays appartiennent à ses habitants sans en exclure la possibilité de les partager avec les autres peuples (Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels, P.I.D.E.S.C. article 1er, alinéa 2).

Le Congo est premier producteur mondial du colombo-tantalite , le coltan, troisième producteur du diamant, grand producteur de l’or, du cobalt et de l’uranium ou du cuivre, du bois et de l’électricité par barrage hydroélectrique.

Mais, selon le rapport des experts des Nations Unies, les richesses naturelles du Congo sont cédées aux pays étrangers par des contrats léonins signés entre les différents chefs de guerre. En conséquence, la population s’appauvrit davantage et devient incapable de satisfaire ses besoins fondamentaux .

Pendant ce temps, un demi-millier de dirigeants s’enrichit affreusement. Il y a lieu ici d’élargir la conception de l’argent du sang. Sur la mort de plus de trois millions de Congolais, la souffrance et la misère de cinquante millions de gens, un demi-millier de dirigeants bâtit sa fortune.

1.2. Le droit à l’alimentation bafoué

L’article 11 du P.I.D.E.S.C. stipule que tous les Etats signataires du Pacte reconnaissent le droit de toute personne à un niveau de vie suffisant pour elle-même et sa famille, y compris une nourriture, un vêtement et un logement suffisants.

Alors que les dirigeants grossissent en désordre, la population se caractérise par l’amaigrissement de la plupart des gens. Les familles mangent mal et pas assez. Trois tableaux de peinture populaire de Kinshasa traduisent bien cette réalité.

L’artiste Shula, dans sa peinture datée de 1998, appelée «la bagarre dans l’église», laisse voir un gros pasteur désavoué par ses fidèles maigres, en bagarre avec ceux-ci. Un peintre anonyme a osé peindre, en 2001, les portraits de Kabila et de Mobutu, côte à côte ; en deux gros plans. Un autre artiste, dans son tableau nommé « Démocratie au Zaïre » représente un acte en quatre scènes. Ce langage populaire exprime ce qu’il veut exprimer. Les dirigeants sont inégaux par rapport au peuple. Les uns souffrent de trop manger alors que les autres meurent de faim au vrai sens et au figuré.

1. 3. Les droits des femmes violés.

Le Congo est signataire de la Convention sur l’élimination de toutes les formes des discriminations à l’égard de la femme.

Malgré leur majorité numérique , elles sont les prolétaires des prolétaires et constituent une minorité sociologique dominée. Selon le Fonds des Nations Unies, pour l’Enfance, l’Unicef, en sigle, le seul record positif que les femmes obtiennent c’est l’espérance de vie supérieure à celle des hommes, soit 106. Tous les autres indicateurs sont négatifs et inférieurs à ceux des hommes. Le taux d’alphabétisation représente 78% de celui des hommes. Le taux de scolarisation des filles en pourcentage de celui des garçons entre 1990 et 1999 est de 69% au primaire et de 59% au secondaire.

Politiquement, la femme est la dernière des priorités. Dans le partage du pouvoir en cours, sur les cinq président et vice-présidents de la République, il n’y a aucune femme.

Les dirigeants des deux chambres sont des hommes. Il en va de même de ceux des institutions citoyennes. Les dirigeants assignent aux femmes un rôle de second plan mais les utilisent plus comme victimes et non comme bénéficiaires des situations.

1.4. Les droits des enfants à l’éducation et à la vie ignorés

Contrairement aux obligations de tout Etat qui doit réserver un budget suffisant à l’éducation, au Congo, l’Etat consacre moins d’un pour cent de son budget à l’éducation, depuis déjà quelques décennies. En conséquence, 64 % d’enfants ne terminent pas la cinquième année primaire, selon l’Unicef, dans son rapport de 2000. Le taux de scolarisation au secondaire n’est que de 19 % pour les filles et de 32 % pour les garçons entre 1990 et 1996.

La guerre, depuis 1996, a apporté une originalité. Je dirais, en m’inspirant du tract d’Amnesty International Vlaanderen dans sa campagne sur les enfants soldats, que le pouvoir de Kabila a inventé les enfants soldats, marque déposée made in Congo. Le rapport d’Amnesty International du mois de septembre dernier informe que le recrutement des enfants soldats progresse au Congo dans tous les camps.

Or l’on sait que le pouvoir de Kinshasa a organisé , avec l’aide d’un financement extérieur, la soi-disant démobilisation des enfants soldats. Ceci constitue une mise en scène pour le public extérieur. Tandis que les acteurs animateurs de l’action, les ministres de la Défense, des Droits humains, des Affaires sociales et du Plan, s’enrichissent sur cette misère du peuple avec l’argent donné par l’Unicef, l’Oxfam Quebec, le Canada, la Norvège, l’Irlande, et l’Afrique du Sud..

Les enfants filles soldats font les délices des chefs militaires aux appétits sexuels insatiables et à la limite de la pédophilie. Car parmi les filles-soldats, la plupart sont des mineures d’âge dont on abuse impunément. La situation des enfants au quotidien est un désastre indescriptible. Entre 1995 et 1999, le pourcentage des enfants vaccinés contre la tuberculose, le Dtc. la polio, la rougeole tourne autour de 10%. Le taux des enfants de moins de 5 ans, connaissant un retard de croissance modérée et grave est de 45% entre 1990 et 1998. Tandis que celui des enfants maigres est de 54 %.

LA TRAGEDIE AU RWANDA ET AU BURUNDI

2.1. La tragédie au Rwanda

En 1994, quelques centaines de milliers de gens ont été massacrées au Rwanda dans un conflit présenté comme opposant les ressortissants des ethnies Tutsi et Hutu, mais qui en réalité est plus complexe. Les droits de l’homme se concentrent finalement autour de ce génocide et de la guerre, car d’un côté l’on situe les génocidaires, les ex-FAR et Interhamwe et de l’autre les victimes du génocide, essentiellement les Tutsi et les Hutu modérés.

Cette obsession sécuritaire a été poussée trop loin jusqu’à poursuivre les génocidaires à plus de 1000 kilomètres des frontières à l’intérieur du Congo depuis 1996, dans une guerre qui aurait fait, selon les sources onusiennes, plus de trois millions de morts au Congo.

Selon l’Unicef, 47 % d’enfants souffrent d’insuffisance pondérale et 42 % ont un retard de croissance.

Par une série d’activités et la création des institutions telles que la commission nationale des droits de l’homme, la table ronde sur les droits de l’homme, la commission nationale pour l’unité et la réconciliation, le Gouvernement du Rwanda met en scène sa volonté d’améliorer les droits de l’homme et exige en conséquence l’appui de la communauté internationale pour y arriver.

Cette aide au lieu de servir essentiellement à satisfaire aux besoins d’éducation, de nutrition et de santé des enfants, au besoin de travail bien rétribué des parents, servirait davantage au trafic des armes dans la région des Grands Lacs et à faire la guerre dans les pays voisins.

En ce qui concerne les dernières élections présidentielles et législatives, il convient de noter que c’est de nouveau la poudre jetée aux yeux des spectateurs, des étrangers. Le rapport des observateurs de l’Union européenne fait ressortir des fraudes.

2.2. La tragédie au Burundi.

Comme dans le cas précédent du Rwanda, les droits de l’homme au Burundi voisin sont fortement liés au génocide et aux guerres dans la région des Grands Lacs.

Tout tournerait autour de la décision du gouvernement d’engager un processus de paix global et d’entreprendre des négociations politiques ouvertes à toutes les parties dans le cadre du processus de paix d’Arusha. La situation des femmes et des enfants n’est pas reluisante au Burundi. Elle serait même la pire de toute la région. Le taux de scolarisation des filles est inférieur à celui des garçons et est le plus bas de la région des Grands Lacs. Au secondaire, il est de 9 % pour les garçons contre 5 % pour les filles entre 1990 et 1996 alors qu’au Congo il est de 32 % pour les garçons et de 19 % pour les filles ; tandis qu’au Rwanda, ce taux est de 12 et 9 %.

Si le taux moyen des enfants de moins de cinq ans souffrant d’insuffisance pondérale est de 47 % au Rwanda, il est de 54 % au Congo et de 57 % au Burundi.

Les femmes vivent dans des conditions aussi désastreuses que dans les autres pays des Grands Lacs. Ce qui pousse le Conseil économique et social à demander à la rapporteuse spéciale sur la situation des droits de l’homme au Burundi « de donner à son travail une dimension sexospécifique »

Comme au Rwanda et au Congo, le gouvernement multiplie des institutions et des activités en collaboration avec des institutions internationales dans le but non-avoué de se faire financer. A titre indicatif, je citerai le nouveau code de procédure pénale, le plan de réforme judiciaire, la coopération avec le Comité de la Croix Rouge Internationale, le programme d’assistance destiné aux éléments des forces armées et de la police en matière des droits de l’homme et d’assistance judiciaire en collaboration avec le Haut Commissariat aux droits de l’homme

A la lumière de tout ce qui précède, quelles solutions proposer ?

1°) Je pense que la première avancée serait d’ordre conceptuel dans le chef des décideurs :

considérer que la situation des Grands Lacs est complexe. Sa compréhension exige d’apprécier dans quelle mesure le non-respect des droits de l’homme, le sous-développement et la guerre entretiennent des relations de cause à effet et inversement, et se renforcent.

2°) Je propose une action globale, à la fois politique, économique et culturelle.

Dans l’action politique pourraient figurer la conférence internationale sur les Grands Lacs que réclament notamment les gouvernements de la RD du Congo et du Royaume de Belgique, d’ une part ; et toutes les pressions diplomatiques, de l’autre. L’action économique s’organiserait autour de la relance des entreprises, du travail et d’un autre type de management des ressources en aidant les Petites et Moyennes Entreprises qui sont la base du développement en Europe occidentale et en Asie, plus spécifiquement au Japon et en Corée du Sud. Sur le plan culturel, cette organisation devrait prendre en compte le fait que dans les Grands Lacs tout se tient : les croyances et les sciences, les partis politiques, la société civile et les entreprises. L’histoire du développement a démontré que les sociétés les plus développées sont aussi celles qui ont su le mieux conserver, sinon adapter leurs cultures au changement.

3°) Je pense, enfin qu’une éducation aux droits humains, en privilégeant les droits collectifs et selon des approches culturelles et intégrées, contribuerait à une avancée dans ce domaine.

Par Laurent Kadiebwe, sociologue du développement

(*) Communication au symposium sur la coopération au développement, les droits humains et les médias organisé par Le Groupe de travail sur l’histoire Sociale, Sowege, de l’Université de Gand Gent/Belgique, le 27 octobre 2003.

irenenabote@feff.kabissa.org